Car il ne s’agit pas de parler à tout va mais de viser le surgissement de la parole authentique. Il ne s’agit pas d’adaptation à la soi-disant réalité mais de réalisation de la vérité du sujet. Cette vérité singulière peut être lue, interprétée à partir des messages que nous envoie l’inconscient. Lacan le formule en termes de conquête de la “réalité authentique de l’inconscient” (Sém 1 p. 32).
Conquête car l’analyse révèle que cette vérité n’est pas bonne à dire, qu’elle est peu conforme au beau, au bien, aux idéaux. C’est pourquoi dans l’analyse, chacun éprouve le rapport problématique qu’il entretient avec sa propre vérité. Refus, dénégation, démenti, défense contre le réel.… C‘est à mettre en rapport avec le sens à donner au symptôme : le rapport problématique du sujet à lui-même.
C’est pourquoi ce sens ne doit pas lui être révélé "il doit être assumé par lui" préconise Lacan (S. I p. 39). La psychanalyse ne touche pas au symptôme, par une démonstration, une explication, une demande qui serait vaine "Cessez de vous comporter comme cela !".
C’est pourtant seulement à partir des mots que l’interprétation analytique trouve son efficacité pour opérer sur le symptôme. Alors si l’interprétation n’explique pas, n’exhorte pas, n’en passe pas par la communication d’un message, comment opère-t-elle ? Elle fait saisir à l’analysant dit Lacan le destin que nous fait l’inconscient. Le symptôme parle une langue éminemment singulière, mais insue du sujet lui-même, et c’est seulement à utiliser cette même langue qu’une interprétation a chance de l’émouvoir.
Elle touche au symptôme à partir de sa matière signifiante (motérialité), celle de cette marque sur le corps que certains mots ont produite de façon traumatique.
Christiane Alberti
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre I, Les écrits techniques de Freud, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1975, p. 264.« Vous écoutez -, oui. Mais est-ce que vous y attrapez un petit quelque chose qui ressemble à du réel ? » (J. Lacan).